Bon. D’accord . C’est du réalisme.

Artistes: les amis d' ta femme.    CD : Noir...et rouge aussi, un peu.

 

La canaille (4.1 Mo)  
Dans la vieille cité Française
Existe une race de fer
Dont l'âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille,
Pour palais ils n'ont qu'un taudis.
C'est la canaille, et bien j'en suis.

Ce n'est pas le pilier de bagne,
C'est l'honnête homme dont la main
Par la plume ou le marteau
Gagne en suant son morceau de pain.
C'est le père enfin qui travaille
Les jours et quelquefois les nuits.
C'est la Canaille ? hé bien ... j'en suis !

C'est l'artiste, c'est le bohème
Qui sans souffler rime rêveur,
Couplet à celle qu'il aime
Trompant l'estomac par le cœur.
C'est à crédit qu'il fait ripaille
Qu'il loge et qu'il a des habits.
C'est la Canaille ? hé bien ... j'en suis !

C'est l'homme à la face terreuse,
Au corps maigre, à l'œil de hibou,
Au bras de fer, à main nerveuse,
Qui sort d'on ne passait où,
Toujours avec esprit vous raille
Se riant de votre mépris.
C'est la Canaille ? hé bien ... j'en s
uis !
C'est l'enfant que la destinée
Force à rejeter ses haillons
Quand sonne sa vingtième année,
Pour entrer dans vos bataillons.
Chair à canon de la bataille,
Toujours il succombe sans cris.
C'est la Canaille ? hé bien ... j'en suis !

Ils fredonnaient la Marseillaise,
Nos pères les vieux vagabonds
Attaquant en quatre-vingt-treize
Les bastilles dont les canons
Défendaient la muraille
Que d'étrangleurs ont dit depuis
C'est la Canaille ? hé bien ... j'en suis !

Les uns travaillent par la plume,
Le front dégarni de cheveux
Les autres martèlent l'enclume
Et se saoûlent pour être heureux,
Car la misère en sa tenaille
Fait saigner leurs flancs amaigris.
C'est la Canaille ? hé bien ... j'en suis !

Enfin c'est une armée immense
Vêtue en haillons, en sabots
Mais qu'aujourd'hui la France
Appelle
sous ses drapeaux
On les verra dans la mitraille,
Ils feront dire aux ennemeis :
C'est la Canaille ? hé bien ... j'en suis !


La chanson de Craonne (6.5 Mo)  
Quand au bout d’huit jours, le r’pos terminé,
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c’est bien fini, on en a assez,
Personn’ ne veut plus marcher,
Et le cœur bien gros, comm’ dans un sanglot
On dit adieu aux civ’lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s’en va là haut en baissant la tête.

Refrain
Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes.
C’est bien fini, et pour toujours,
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés !


Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l’espérance
Que ce soir viendra la r’lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu’un qui s’avance,
C’est un officier de chasseurs à pied,
Venu pour nous remplacer.
Doucement dans l’ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits soldats vont chercher leurs tombes.

C’est malheureux d’voir sur les grands boul’vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c’est pas la mêm’ chose.
Au lieu de s’cacher, tous ces embusqués,
F’raient mieux d’monter aux tranchées
Pour défendr’ leurs biens, car nous n’avons rien,
Nous autr’s, les pauv’s purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr’ les biens de ces messieurs-là.

Refrain
Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront,
Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l’plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la d’ vot’ peau !


Le sang des martyrs (4.4 Mo)  
Croyant étrangler les pensées,
Les bourgeois pendent les penseurs.
Malgré les potences dressées,
Les pendus ont des successeurs.
Vous pouvez viser les idées
Et les abattre dans vos tirs,
Elles grandissent, fécondées
Par le sang des martyrs.

Exploiteurs des deux hémisphères,
Russes, Français, Américains,
Négriers, tripoteurs d’affaires,
Monarchistes, républicains.
D’un bout à l’autre des deux pôles,
Contentez vos secrets désirs.
Plongez-vous jusqu’aux deux épaules
Dans le sang des martyrs.

C’est par vous que, couvrant la plaine,
Pousse la moisson de demain.
C’est par vous que la gerbe est pleine
Des pis gras pour le genre humain.
L’idole, dans son temple immense,
Grandie par la mort des fakirs.
Les semeurs, c’est vous ! La semence,
C’est le sang des martyrs..

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